Panthèrillon

Story by Black Switch on SoFurry

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#2 of Anthro Fairy Tales

Cette histoire constitue la deuxième partie du cycle "Anthro Fairy Tales".


Il était une fois une belle et douce jeune léopard qui ne connaissait guère le bonheur. Elle avait successivement perdu sa mère, puis son père. Avant de mourir, ce dernier s'était remarié ; mais, les noces à peine célébrées, la tigresse montra qu'elle était aussi orgueilleuse que méchante. Quant à ses deux filles, elles ne valaient guère mieux.

Aucune des trois ne pouvaient supporter que la petite léopard leur fut si peu semblable de caractère, et elles avaient décidé d'en faire leur servante. Du matin au soir, vêtue de haillons et chaussée de rustiques sabots de bois, la malheureuse devait laver les sols, faire les lits, nettoyer les vitres, puiser de l'eau, cuisiner, épousseter les meubles, laver le linge et la vaisselle, et vider les cendres de la cheminée. Si la tigresse constatait du relâchement dans le travail, cela présageait pour sa belle-fille, dans le meilleur des cas, un orageux sermon, ou dans le pire des cas, une cinglante volée.

Lorsqu'après le dîner les trois mégères avaient regagnées leurs chambres, la pauvrette s'allongeait sur le tas de cendre et fermait les yeux, espérant ainsi passer une nuit paisible. Constatant à quel point la cendre contrastait avec les taches de la petite léopard, sa belle-famille avait pris l'habitude de la surnommer "Panthèrillon".

Son tourment durait ainsi depuis plusieurs années. Un soir, tandis qu'elle préparait une soupe de légumes, la jeune léopard repensait à ses défunts parents, qui s'étaient toujours montrés gentils envers elle. La gorge nouée par la tristesse et le cur gros, Panthèrillon se mit à pleurer ; incapable de retenir ses larmes, elle les laissa tomber dans la soupe, qui par suite, devint trop salée. Il n'en fallut pas davantage pour que la tigresse entre dans une violente colère ; et cette nuit-là, elle ne laissa pas la petite léopard aller dormir sans lui avoir fortement tiré l'oreille, ni lui avoir vivement cinglé la croupe.

Le temps passait. Mais Panthèrillon endurait tout avec patience. Un jour, le messager du roi remit à la tigresse un pli disant que toutes les familles importantes du royaume étaient invitées à un grand bal. Quelle effervescence dans la maison ! Ni la mère, ni ses filles ne savaient où donner de la tête. Panthèrillon conseilla sa belle-mère, et accepta de coiffer ses demi-surs ; pendant ce temps, ces deux dernières plaisantaient : "Et toi, Panthèrillon, dit la cadette des filles, ne voudrais-tu pas aller au bal ? -- Hélas ! soupira la jeune léopard. Vous moqueriez-vous de moi ? Je n'en ai pas le temps. -- Ah ! rétorqua l'aînée des filles. Heureusement ! On rirait bien en voyant une souillon aller au bal."

Une autre les auraient coiffées de travers pour se venger ; mais Panthèrillon se refusait à ceci. Enfin, le grand soir arriva. Coiffées, poudrées, et vêtues d'habits somptueux, les demi-surs et leur mère prirent place dans une magnifique calèche. Lorsqu'elles furent parties, la jeune léopard, qui avait tout vu par une des fenêtres de la cuisine, éclata en pleurs.

Soudain, une boule de lumière pénétra dans la pièce ; elle se posa sur le sol, grossit de plus en plus, et disparut pour laisser place à une louve grise vêtue d'une robe arc-en-ciel et d'un chapeau vert à rayures mauves. Panthèrillon releva la tête, et fut frappée de stupeur : "Qui... Qui êtes-vous ? balbutia-t-elle. -- Je suis ta marraine, lui répondit la louve en souriant. Et depuis ta naissance, jai toujours veillé discrètement sur toi ; mais le temps presse. Cours vite au jardin. Rassemble six souris, un rat, six lézards, et une citrouille. Ne traîne pas, je te rejoins."

Panthèrillon, quoique fort surprise, obéit. En quelques minutes, elle avait tout réuni. Aussitôt, la marraine agita sa baguette magique ; dans un crépitement d'éclairs multicolores, la citrouille prit l'aspect d'un magnifique carrosse. Les souris devinrent des chevaux, les lézards des laquais, et le rat un cocher. Tandis qu'ils prenaient place, l'un des laquais invitait la jeune léopard à monter dans le carrosse : "Mais... Comment pourrais-je aller au bal avec mes vilains habits ? s'exclama cette dernière. -- Bon sang ! s'écria la louve. Où avais-je la tête ? J'allais oublier de te vêtir plus convenablement."

Et du bout de sa baguette, elle effleura le front de sa filleule. Béate d'admiration, la jeune léopard vit sa robe usée et rapiécée disparaître ; il ne lui restait plus que ses bas déchirés et son bloomer troué. Mais ces derniers devinrent de la plus fine étoffe, avant que n'apparaisse une somptueuse robe de mousseline brodée de perles et de fil d'or. Et Panthèrillon se retrouva chaussée des plus belles pantoufles de verre que l'on eût jamais vues : -- Bien, dit la louve. Te voilà prête pour les festivités. Souviens-toi néanmoins de quitter les lieux avant minuit ; car lorsque l'horloge du palais aura sonné le douzième coup, le charme sera rompu. À présent, va ; et amuse-toi bien.

La marraine disparut comme elle était venue, et Panthèrillon s'en fut toute heureuse. Arrivée au palais, elle se rendit dans la grande salle. Face à l'extraordinaire beauté de l'inconnue, l'orchestre cessa de jouer. Et tous les invités devinrent muets de stupeur.

Sidéré, le prince courut à sa rencontre pour lui demander de lui accorder sa première danse. Et il fit de même pour la suivante ; ainsi que pour toutes les autres. Toute la nuit, il n'eut d'yeux que pour elle. Les invités chuchotaient : "Le prince est tombé amoureux. -- Qui est donc cette ravissante jeune fille ?"

Mais personne ne la connaissait. Seules dans leur coin, les demi-surs de Panthèrillon se plaignaient : "Qu'a-t-elle donc de plus que nous ? Ce n'est qu'une étrangère. -- Le prince ferait mieux de danser avec nous, au lieu de s'occuper d'elle."

Ce soir-la, Panthèrillon vécut les plus beaux instants de sa vie ; dans les bras du prince, elle avait oublié tout ce qui constituait son calvaire quotidien : les parquets à cirer, les robes à raccommoder, les volées de bois vert... mais elle avait également oubliée la recommandation de sa marraine ; et le temps s'écoulait sans qu'elle y fasse attention. Soudain, l'horloge du palais sonna le premier coup de minuit.

Aussitôt, la jeune léopard s'échappa des bras du lion ; et sans dire un mot, elle se précipita aussi vite que possible vers le grand escalier de marbre. Dans sa folle course, elle perdit une pantoufle de verre : -- Ne partez pas maintenant ! insista le prince en courant derrière elle. Je ne connais même pas votre nom !

Mais déjà, Panthèrillon était aux portes du palais : -- JE VOUS AIME ! cria le prince.

Trop tard. La belle inconnue s'engouffra dans le carrosse, et les chevaux partirent au galop. Au douzième coup de minuit, Panthèrillon arriva chez elle. À peine eut-elle quitté le véhicule, que le charme se rompit. Vêtue des guenilles qu'elle portait avant son départ pour le bal, la jeune léopard s'endormit sur le tas de cendre, comme à l'accoutumée. Quelques heures plus tard, Panthèrillon fut éveillée par les cris des trois mégères : "TOUT CELA EST DE LA FAUTE DE CETTE IDIOTE ! hurlait l'aînée des filles. SI ELLE AVAIT REPASSÉE MA ROBE CORRECTEMENT, C'EST MOI QUE LE PRINCE AURAIT AIMÉ ! -- À QUOI PENSES-TU ? rétorqua la seconde. SI CETTE FAINÉANTE AVAIT BIEN SERRÉ MON CORSET, C'EST MOI QU'IL AURAIT CHOISI ! -- DU CALME, VOYONS ! intervint leur mère. De toute façons, cette princesse inconnue a disparue ; au prochain bal, c'est vous que le fils du roi remarquera."

Quelques jours plus tard, le prince décida d'épouser l'inconnue à qui appartenait la pantoufle de verre ; mais aucune des jeunes filles ayant participé à l'essayage n'avait le pied assez fin. Quand vint le tour des demi-surs de Panthèrillon, l'aînée ne réussit même pas à glisser deux orteils dans la pantoufle. Quant à la cadette, elle n'aurait pu la chausser sans s'être coupé le talon.

Alors, Panthèrillon s'avança : "Pourrais-je moi aussi l'essayer ? demanda-t-elle. -- Certes, dit le messager du roi. Je ne dois oublier aucune jeune fille du pays. -- MAIS... CE N'EST QU'UNE SOUILLON ! s'écrièrent les demi-surs -- ET ELLE N'EST PAS ALLÉ AU BAL ! ajouta leur mère. -- Peu importe, répliqua le messager. Les ordres sont les ordres."

Se tournant vers la jeune léopard, il lui présenta l'objet en ajoutant : -- Mademoiselle, voici votre tour.

Sans difficulté, Panthèrillon glissa son pied dans la pantoufle. À l'instant, sa marraine apparut ; elle la caressa du bout de sa baguette magique, et les guenilles de la jeune léopard se transformèrent en de magnifiques vêtements, tandis que la seconde pantoufle de verre venait chausser son pied nu.

Confuses et honteuses, ses demi-surs tombèrent à ses genoux pour implorer son pardon. Et malgré tous leurs mauvais traitements, Panthèrillon le leur accorda. Peu après, elle épousa le prince, et fit loger sa belle-famille au palais.

De grandes réjouissances eurent lieu dans tout le royaume. Panthèrillon et son prince vécurent ensuite heureux pendant très longtemps.