Quand le danger n\'est pas là où on l\'attend

Story by Niki_Roo on SoFurry

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#5 of Ryan


En sortant du restaurant -- et c'était, comme toujours, délicieux --, Ryan se remet en route.

Il redescend depuis le centre-ville, passe devant chez lui, continue... Et se rend compte qu'il ne s'est pas arrêté chez lui. En faisant demi-tour, il se demande pourquoi il est tant obsédé par cette histoire de tableau...


Arrivé dans son appartement, il hésite. Est-ce qu'il doit continuer à essayer de ne plus y penser, ou est-ce qu'il doit prendre son courage à deux pattes et y aller une fois pour toute ? Il ne sait que choisir. Il se met un peu sur son ordinateur, le temps de répondre à son courrier. Il a horreur de ces machines capricieuses, mais c'est toujours mieux que de rester là à ne rien faire parce qu'il ne sait pas prendre une décision.

Après deux ou trois heures perdues sans avoir fait grand chose, il commence à s'ennuyer. Puis, voyant ses pinceaux du coin de l'il, il se décide enfin. Il faut que ça arrête, il ne peut pas continuer comme ça plus longtemps !

Il prend donc son sac, sa toile, ses pinceaux, et il y va. Après tout, de quoi a-t-il peur ? Ce ne sont quand même pas ces histoires de vampires qui vont l'effrayer ! ... Ou du moins, pas en plein jour...


Sur le chemin, il n'y a pas grand chose à dire. La position du soleil annonce bien la fin de l'après-midi mais Ryan sait qu'il a encore le temps avant la tombée de la nuit.

Cette nuit noire qui le tracasse depuis quelques temps...

Il retrouve enfin son pont, où il se dépêche d'étaler son matériel.

Pour les passants, c'est un spectacle étonnant : un kangourou, armé de pinceaux et de peinture, qui s'affaire sur le pont. Ce n'est déjà pas banal en soi mais ici, alors que la plupart des gens n'osent pas sortir seuls, c'est tout simplement insolite. Plusieurs personnes font même mine d'aller lui demander ce qu'il fait, mais s'abstiennent rapidement. Ça leur paraît trop étrange pour que ce soit naturel ; ils ont peur qu'il y ait un piège sous-tendu, destiné aux plus curieux.

Ryan, lui, est complètement aveugle à tout ça. Pour lui, il y a le pont, il y a son tableau, et c'est tout.

Son tableau, qu'il peut enfin continuer.


Malheureusement pour lui, certains passants ne sont pas là par simple curiosité. Un petit groupe se forme, à portée de vue de Ryan mais pas trop près non plus. Bien sûr, celui-ci ne s'en rend pas compte. En fait, même s'ils avaient été juste derrière son dos, il ne les aurait pas plus remarqué.

Une dernière personne, un renard blanc caché par un manteau assez large que pour faire office de cape, arrive encore. Ils sont maintenant cinq, mais ne changent pas d'attitude pour autant. Ils restent tout près, lancent de temps en temps un regard furtif à Ryan et discutent entre-eux.

Et Ryan, de nouveau, ne s'aperçoit de rien. Pas non plus du fait que la nuit commence à tomber. Il voit bien que la luminosité baisse, mais il fait encore assez clair que pour peindre ; il est tellement absorbé qu'il ne se rend pas compte de ce que cela implique.

Après tout, il FAIT jour, encore. Et les vampires ne sortent pas tant que le soleil est encore visible dans le ciel, n'est-ce pas ?


Alors que l'état de son tableau commence enfin à lui plaire, il remarque pour la première fois le groupe qui l'observe. Il ne voudrait pas prendre peur inutilement, mais c'est vrai qu'ils ont un air menaçant. Et surtout, ils lui bloquent le passage...

Il commence à ranger ses affaires sans traîner, tout en jetant de temps en temps un coup d'il au groupe.

Le renard blanc semble en être le meneur, à l'avant du groupe. Les quatre autres rient un peu entre eux, juste derrière lui. Il y a un autre renard, qu'on ne sait pas manquer de remarquer à son teint qui oscille entre le rouge et l'orange, et un grand félin que Ryan ne parvient pas à identifier. Quant aux deux autres, avec le soleil maintenant au crépuscule, il ne sait pas bien les voir. Ce qui l'effraye le plus, c'est qu'ils semblent préparer un mauvais coup et qu'à part eux, il est seul sur le pont.

Maudit tableau.

De plus en plus conscient de ce qui risque d'arriver, il préfère se diriger vers l'intérieur du quartier plutôt que de passer devant eux. Et ceux-ci ne se privent pas de le suivre.

Voyant ça, Ryan prend peur et accélère le pas. Les autres aussi. Il ne sait plus trop où il va, il veut juste se sauver ; et comme ses poursuivants lui bloquent le passage, il est bien forcé de s'enfoncer de plus en plus dans les rues sombres. Il ne tarde pas à se mettre à courir -- ou plutôt à sauter -- pour leur échapper.

Peu de temps après, il se retourne et commence à reprendre espoir : il n'y en a plus que trois qui le poursuivent ! Il n'y a plus que les deux renards et le félin. Il se dit qu'il pourrait peur-être laisser tomber son tableau et ses outils pour aller plus vite mais il n'y tient pas trop ; il ne veut pas lâcher son tableau après tout le mal qu'il s'est donnée pour le continuer et ses outils sont bien trop précieux pour lui. Et puis, il n'en reste que trois... Il peut y arriver !

C'était sans compter avec le stratagème du groupe. Alors qu'il s'engage dans une nouvelle allée, il voit un ours et un équidé, tout deux habillés avec des vêtements fort sombres. Sans trop y penser il essaye de passer au milieu, mais ces 2 là ne l'entendent pas de cette oreille. Alors même qu'ils se jettent presque sur lui pour le faire tomber, il se rend compte que c'était les deux comparses du groupe qu'il n'avait pas su identifier.

Mais c'est trop tard.

Le tableau et les outils qu'il avait voulu protéger se retrouvent sur le sol, et lui avec.

Les deux qui l'ont fait tombé s'avancent devant lui. Il se retourne un peu, et voit que ses trois poursuivants l'on rattrapé et se trouvent eux derrière, ne lui laissant pas d'issue pour s'échapper.

Il se remet péniblement sur ses pattes, apeuré, en regardant en direction du meneur. Celui-ci s'avance vers lui, de la méchanceté dans le regard, sans courir cette fois.

- Tu pensais vraiment pouvoir te sauver ?

En disant ça, il écrase un tube de peinture sur le sol, rageusement, pour bien montrer son humeur. Ryan tremble de peur. Il n'est pas pétrifié, il est encore lucide mais seulement il ne sait pas quoi dire.

- Tu vas le regretter.

En se retournant, Ryan voit que c'est l'équidé qui a dit ça. Il se retourne de nouveau vers le meneur, qui s'avance dangereusement.

-Mais qu'est-ce que vous voulez ?

Il a enfin trouvé quelque chose à dire. Le renard arctique ne lui répond pas, mais lui décoche un coup à la place. Ryan est envoyé en arrière et manque de peu de tomber, mais l'ours le rattrape de justesse, l'immobilisant de ses puissantes pattes. Notre artiste ne sait plus que faire ; il voit les 2 énormes pattes sur son épaule, essaye de se dégager mais n'y parvient pas. Ne pouvant rien faire d'autre, il répète encore, presqu'en pleurant cette fois :

- Mais qu'est-ce que vous voulez ?!

Pendant que les autres, sauf l'ours qui le maintient toujours, viennent se ranger derrière leur chef, celui-ci s'avance encore une fois du kangourou et lui donne un coup de patte, le griffant au visage et manquant de peu son il.

Ryan hurle, et commence cette fois à pleurer, ses larmes coulant jusqu'à son museau et se mélangeant à son sang.

Il les implore :

- Mais je n'ai rien sur moi ! Je ferai ce que vous voulez mais laissez-moi !

Le chef n'a pas l'air de s'en soucier et le frappe encore, au museau.

Mais la troisième fois, il lève la patte, mais quand il voit Ryan fermer les yeux et essayer de détourner le visage il sourit et la rabaisse doucement, pour venir attraper le museau de notre artiste avec. Il lui fait tourner la tête pour le regarder en face et lui dit tout doucement avec un grand sourire :

- Tu vas mourir ici.


Invisible d'en bas, Kayla les observe depuis un toit. Elle a tout de suite reconnu l'ours et, ensuite, le reste de la bande. Son dernier repas, un loup gris, en était à la tête il n'y a pas très longtemps ; elle sent encore le goût de son sang sur ses lèvres...

Elle se dit qu'il y a des choses qui ne changeront jamais, que certaines personnes recommenceront immanquablement les mêmes erreurs. Elle a déjà tué deux membres de la bande, un il y a presqu'un mois et l'autre tout juste avant hier. Pourtant, ils sont toujours là à écumer les rues. D'un autre côté, ça lui fourni des proies qu'elle peut entièrement vider de leur sang ; bien que ce soit beaucoup plus facile et bien meilleur, elle ne veut pas tuer n'importe qui et se restreint à puiser juste ce qu'il lui faut pour survivre quand elle ne trouve pas une victime toute désignée. C'est très difficile pour elle, il lui faut aller contre tous ses instincts, mais elle ne veut pas s'abaisser au meurtre simplement parce qu'elle a faim. Mais heureusement, ça ne lui est plus arrivé depuis longtemps dans ce quartier... Il y a toujours bien un assassin en herbe ou un groupe de voleurs imprudents à aller visiter.

En fait, c'est à tel point qu'aujourd'hui, comme bien souvent, elle a l'occasion de se nourrir mais pas l'envie : elle s'est rassasiée il y a à peine deux jours. En temps normal elle serait simplement partie mais cette fois ci, elle hésite. Ça fait déjà quelques temps qu'elle suit ce kangourou bizarre, qui vient peindre ici. La dernière fois, elle s'est même demandée si elle n'avait pas été vue. Elle avait pris toutes ses précautions, mais après avoir regardé en l'air, il s'était enfui, terrorisé. En tout cas, cette fois, il ne l'a pas remarquée. Ni elle, ni la bande de voleurs qui l'encerclait, d'ailleurs.

Il y a un tel silence en bas qu'elle peut entendre les mots du chef de bande. Elle se dit que si elle veut encore revoir ce drôle de kangourou plus tard, qui lui paraît presque sympathique tellement il est naïf, il va être temps d'agir...


Ryan regarde son tourmenteur dans les yeux, aux larmes. Il ne sait que faire et se sent impuissant. Il a l'impression de sombrer dans un puits sans fond duquel il ne remontera pas.

Le chef de bande, lui, jubile. C'est la première fois qu'il peut donner des ordres, le vieux loup ayant été tué avant-hier.

Quelle chance que ce monstre soit passé ! Il n'était pas là mais la seule chose qui importe, c'est que le loup soit resté sur le carreau. Parce qu'il sait très bien qu'il n'aurait jamais eu le courage de s'en occuper lui même. Il se faisait peut-être un peu vieux, mais il n'aurait pas manqué de dépendre un renard blanc comme lui, trop pressé de prendre la tête de la troupe. Loué soit cet accident !

Ne se doutant pas que celui-ci risque de se répéter, il sort son couteau et s'apprête à blesser sa victime.

Alors même qu'il fait le geste, il entend quelqu'un crier.

- Le vampire !

C'est l'autre renard. Ayant déjà eu affaire à ce vampire, il n'hésite pas et se sauve ; tant pis pour ceux qui restent. Et c'est là que le meneur la voit pour la première fois. Ne faisant pas mine de se cacher, Kayla fait deux tours en planant au dessus du groupe avant d'atterrir au centre, à quelques pas de l'ours qui tient Ryan.

L'ours essaye de se retourner, mais ce n'est pas à lui que Kayla s'attaque ; elle préfère sauter sur le chef du gang, pour le mettre en déroute. Celui-ci, le couteau toujours en main, essaye de se défendre. Mais surpris par la vitesse de l'attaque il ne sait pas faire grand chose.

Kayla lui saute dessus et lui donne un grand coup de griffe pour lui faire lâcher son couteau. Son adversaire maintenant désarmé, elle l'agrippe aux bras et plonge ses crocs dans son cou. C'est une position fort vulnérable, mais elle sait qu'en faisant ça elle inspirera une trop grande peur aux autres que pour qu'il ne restent, s'il ne s'étaient pas déjà enfuis avant.

Comme elle n'a pas faim, elle n'essaye même pas d'aspirer son sang. Il a déjà perdu connaissance, mais c'est dû au choc, rien de plus.

Elle relâche sa prise et se retourne, vérifiant qu'elle ne s'est pas trompée. Et en effet, ils se sont tous sauvés. Sauf Ryan.

Elle laisse le meneur au sol et s'approche du kangourou. Apparemment, il vient seulement d'être libéré par l'ours, qui a fuit en dernier, et a un peu de mal à se relever.

Elle voit le tableau à quelques pas et décide de s'amuser avec notre artiste. Elle ramasse l'objet et, sous les yeux médusés de Ryan, lui tend juste quand il se relève. Sans oublier de faire un grand sourire, bien sûr.

Ryan, lui, n'ose pas bouger. La vue du sang encore frais qui coule des canines de la chauve-souris l'épouvante au plus haut point, mais pourtant, c'est grâce à elle qu'il est encore en vie maintenant. Et puis, elle lui tend son tableau. Il fini par le prendre, presqu'au ralenti.

Elle choisi ce moment précis pour sauter sur Ryan et, alors que celui-ci ferme les yeux et agrippe le tableau par pur réflexe... Elle lui donne un baiser sur le front, comme on le ferait pour calmer un enfant apeuré.

Elle s'envole aussitôt après et se dit que, décidément, il est mignon quand il a peur. C'est dommage qu'il ne reviendra plus.

Le temps que notre artiste comprenne ce qui se passe, elle n'est plus là. Hébété, il reste encore un peu, avant de reprendre ses affaires comme il peut et de rentrer chez lui.