Un restaurant qui se porte bien

Story by Niki_Roo on SoFurry

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#4 of Ryan


Le lendemain matin, Ryan ne sait que faire. D'habitude, il se mettrait à la recherche d'un sujet pour ses peintures mais là, il en a déjà un. Seulement, il n'ose pas le continuer. Ce tableau inachevé l'obnubile tellement qu'il est incapable de penser à autre chose. Il se décide, en désespoir de cause, à faire toutes les tâches ménagères en attente. Malheureusement, il les a vite expédiées. Si c'est vrai qu'il manque parfois -- et certains disent souvent -- d'ordre, il ne supporte pas de garder ses affaires sales plus longtemps qu'il ne le faut. Ça s'applique aussi bien au linge qu'à la vaisselle ou à n'importe quoi d'autre. Il sait qu'il est un peu manique sur ce point, mais comme on lui a souvent dit, ce n'est peut-être pas un si grand mal... Surtout vu son manque d'ordre !

Le revoilà donc à son point de départ. Si ce n'est que cette fois, il est 11h30.

Il hésite à commencer le repas, se demandant si ce ne serait pas mieux d'aller manger quelque part pour une fois, histoire de se changer les idées. Comme de toute façon ses finances ne sont pas au plus mal, même sans compter le dernier tableau, il choisit de sortir.


Ryan fait quelques pas dehors, sans trop savoir où aller. Il sait ce qu'il veut : manger. Mais il ne sait pas COMMENT il le veut...

Comme il déjà lancé dans cette direction, il se décide à aller vers le centre. Au moins, il connaît quelques bars et restaurants de ce côté. D'ailleurs, il a des amis qui tiennent un salad-bar des plus atypiques assez près de l'hôtel de ville. Il se dit que c'est le moment idéal pour aller leur dire bonjour...

Ryan habite un quartier bien situé et il est content d'y vivre. S'il veut quelque chose, il lui suffit de faire un tour dans un des magasins du centre, à moins de dix minutes de marche ; si par contre il veut juste marcher un peu, il peut se diriger de l'autre côté et rester hors des zones urbaines. Pour un artiste, comme lui, c'est un avantage important. Il peut aussi suivre le cours d'eau si le cur lui en dit, mais en se souvenant d'hier, il préfère éviter d'y penser pour le moment.

Un tableau inachevé... Ça ne lui plaît vraiment pas. Mais qu'à cela ne tienne ! Maintenant, c'est l'heure du repas.

Il accélère un peu, et c'est d'un pas décidé qu'il se dirige vers le bar.


Le bâtiment, situé sur la grand place, est beau à voir.

Déjà, il s'intègre très bien à son environnement alors qu'il est entouré d'anciennes maisons en pierres de style médiéval -- ce qui est une prouesse pour un salad-bar ! Il faut dire, il n'a pas de "vitrine" à proprement parler, mais plutôt une fenêtre double affublée de deux grands volets anciens. L'enseigne publicitaire aussi a été faite pour se fondre dans le paysage : au lieu d'un cadre en plastique lumineux, le restaurant est signalé par une enseigne en bois suspendue à la façade ; elle porte comme emblème une assiette et une carotte : une assiette pour respecter l'annonce traditionnelle des restaurants et une carotte pour bien marquer la différence.

Ensuite vient l'intérieur : lui aussi tente de plonger les visiteurs dans une ambiance un peu médiévale, comme on peut le constater à travers la fenêtre. De grosses poutres sombres vernies et laissées à nu, un mobilier presqu'entièrement constitué de bois, tout est étudié pour.

Détail sur détail, on peut dire que le bâtiment est ce à quoi s'attendent la plupart des gens quand on parle d'une auberge du temps des chevaliers -- ou du moins les bons côtés.

Même Ryan, pourtant habitué à le voir, est toujours fasciné par son aspect.

Content d'être arrivé, ou peut-être content de pouvoir détourner ses pensées d'un certain tableau, il y entre enfin.


À l'intérieur, il n'y a pas foule. Après tout, si c'est vrai que Ryan peut choisir ses jours et ses heures, il n'en va pas de même pour tout le monde. Mais comme le lieu n'est pas très peuplé pour le moment, il se dit qu'il aura peut-être la chance de pouvoir parler à son ami.

Il repère rapidement sa place favorite, heureux de voir qu'elle est encore inoccupée. C'est une petite table, située dans un coin sombre du côté de la fenêtre. De là, il peut observer son monde tout à loisir, sans être vu de l'extérieur -- et généralement pas de l'intérieur non plus, puisque les gens ne regardent pas souvent dans les coins.

Sa place maintenant assurée, il se dirige vers le comptoir. Il prend un plateau au passage et commence à le remplir. De la salade verte, blanche, rouge, des carottes, des tomates, des choux rouges, en sauce, nature, cuit,... Tout ce qu'on a jamais pu imaginer comme légumes semble s'y trouver. Bien sûr, il y a aussi du pain, du riz et d'autres choses, mais on ne sait pas manquer la raison d'être du restaurant, même au premier coup d'il.

La seule chose qui ne s'y trouve pas, c'est de la viande. Et ça s'explique facilement, puisque le couple qui tient le restaurant est végétarien...

Ryan se sert alors, en insistant bien sur la salade comme toujours. Il se demande d'ailleurs pourquoi les kangourous ne s'en nourrissent pas exclusivement. Pour lui, à défaut d'eau, on doit pouvoir vivre d'amour et de salade fraîche !


Après avoir payé son assiette au comptoir, il s'assied à sa place et commence à manger, tout en surveillant la porte qui mène aux cuisines. Il sait qu'Éloïse, qui tient le bar avec Kari, fait souvent des aller-retours pour aller voir les clients quand ils ne sont pas trop nombreux, et il espère l'intercepter durant l'une de ces visites.

Éloïse, une louve noire de 28 ans, a plus d'une particularité.

Elle est, aussi surprenant que cela puisse paraître, en couple avec un caribou, Kari. Ils ne sont pas mariés, alors qu'ils le voudraient, mais malheureusement leurs familles respectives ne s'entendent pas du tout entre elles, même si elles ont maintenant accepté leur choix. Et notre jeune couple n'a pas envie de voir des querelles gâcher leur mariage...

Une des raisons principales, du côté de la famille d'Éloïse, est la reconversion de celle-ci.

En effet, peu de temps après avoir rencontré Kari, elle s'est déclarée végétarienne. Et malgré toutes ses explications, ses parents ne démordent pas du fait que Kari en est le responsable.

Et en fait, ils ont en quelque sorte raison : c'est bien Kari, qui était encore un cuisinier amateur à l'époque, qui la fait changer d'avis en lui faisant goûter ses préparations. Au début, c'était un peu comme une sorte d'accord tacite, mais au bout d'un certain temps, elle a reconnu qu'elle était bel et bien devenue végétarienne. Le fait qu'elle ait fait ce choix elle-même, pourtant, ne semble pas changer quoique ce soit pour ses parents.


Pour en revenir à Ryan, son attente n'est pas longue. Il a à peine entamé son repas qu'Éloïse entre et le remarque. Il a juste le temps de finir ce qu'il a en bouche avant qu'elle n'arrive.

Salut Ryan !

- Salut Élo ! Comment ça va ici ?

- Très bien, très bien. Il y a de plus en plus de clients, donc je suppose que les plats de Kari ne sont pas si mauvais que ça !

- Oh que non ! J'en connais peu qui fassent aussi bien la salade que lui !

D'un ton faussement anxieux, Éloïse reprend :

- Je ne sais pas si ça devrait me rassurer...

- Écoute, sans salade, j'aime autant ne pas manger !

- Je sais, je te connais assez bien pour ça. Mais sinon, qu'est-ce que tu deviens ?

- Un artiste connu ! Un peu plus chaque jour. Et sans rire, j'ai vendu un tableau au double du prix que j'en attendais pas plus tard qu'hier.

- C'est vrai ça ?

- Je t'assure ! Un couguar qui avait vu le tableau dans le journal.

- Tu passes dans le journal maintenant ? !

- Heu... Oui... En quelque sorte. C'est un fou qui a fait du foin à cause d'un de mes tableaux, et on a pris une photo pour ça.

- Ah ! Je me disais aussi, je t'aurais reconnu !

- Un jour, tu verras !

- Quand notre restaurant aura ses quatre étoiles sans doute ?

- Pour moi, il les mérite déjà !

- Oui mais toi, à part la salade, il n'y a pas grand chose qui t'intéresse !

- Et c'est bien suffisant !

Là dessus, pour insister encore un peu -- et parce qu'il ne peut de toute façon pas s'en empêcher --, Ryan reprend encore un peu de salade de son assiette. Avant de la mettre en bouche, il dit juste :

- La preuve !

Ensuite il enfourne le tout et laisse la fourchette dépasser de son museau, en hochant la tête et en clignant des yeux, pour bien marquer son point.

Éloïse commence à sourire et ajoute :

- Ah la la. Je n'ai jamais compris : comment est-ce que tu peux aimer autant la salade ET le chocolat ? Ce n'est pas un peu contradictoire ?

Ryan secoue la tête en signe de négation. Il avale ce qu'il n'avait pas encore fini et reprend :

- La salade, c'est bon. Le chocolat, c'est bon. Alors pourquoi est-ce que ça n'irait pas ensemble ?

- Heu... Je ne veux pas connaître tes mélanges !

- Tant pis pour toi.

- Ou tant mieux.

- Non mais ! Tu dis que j'ai un régime bizarre, mais je connais des louves qui ne mangent pas la même chose que toi...

En disant ça, Ryan ne sait pas s'empêcher de sourire, preuve qu'il ne fait que la taquiner.

- Oui, mais moi, c'est approuvé par le guide Michelin !

Ryan est un peu surpris, et répond après une brève hésitation mais avec beaucoup d'espoir :

- Tu veux dire que le restaurant a eu ta première étoile ?

Étrangement, Éloïse paraît gênée.

- Bon, en fait, il n'y a rien d'officiel, mais d'après nos sources... Oui, on devrait l'avoir dans la prochaine édition !

Cette fois, la gêne a très clairement fait place à la joie.

- Alors félicitations ! Tu vois, quand je te le disais que vous les méritiez toutes ces étoiles !

- "Toutes ces étoiles", "Toutes ces étoiles"... C'est UNE étoile qu'on va avoir !

- C'est le début, tiens !

- Oui, bah... On peut espérer.

- Voilà !

Ryan semble réfléchir un peu.

- Maintenant, je vais pouvoir dire que je mange dans un restaurant primé !

- Heu... À propos de ça... En fait ce serait plutôt pas mal si tu pouvais éviter d'en parler partout... On risquerait des problèmes pour ça...

- ok, pas de problème ! Mais quand ce sera officiel, compte sur moi pour le dire partout !

- Tu sais, pas la peine de faire tout ça, tu l'auras ton dîner offert ce jour là ! Je n'ai pas oublié !

- Hé ! Depuis le temps qu'on en parle... Mais j'avais toujours imaginé les 4 étoiles à la fois... En fait, ça n'avait pas de sens. Et puis, mieux vaut une "vraie" étoile que quatre imaginées.

- Tiens ? Tu ne penses plus qu'on aura les quatre alors ?

Presqu'en riant, il répond :

- Mais si, mais si ! Mais une à la fois, ça fait quatre repas en plus pour moi...

Éloïse aussi entre dans le jeu, mais de façon plus directe, en lui assénant un coup de patte sur le bout du museau.

Elle répond ensuite en riant :

- Non mais ! Profiteur !

- Hé !

Il se frotte le museau.

- Si j'insiste tant, ça prouve que c'est bon, non ?

Il reprend son sourire en disant ça.

- Oui, oui, trouve-toi des excuses...