Vampires des contes et vampires des rues

Story by Niki_Roo on SoFurry

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#2 of Ryan


De l'autre côté de la ville, de retour dans le quartier du Port, un jeune couguar s'enfuit. Derrière lui, un groupe hétéroclite le pourchasse : un loup gris, deux renards, un ours ; la seule chose qui les rassemble semble être un plaisir évident à pourchasser leur cible.

Le couguar se sent désespéré. Il court depuis quelques temps maintenant, et arrive à bout de souffle. Même le fait d'entendre le pas de ses poursuivants se rapprocher ne le fait plus accélérer. Encore une fois, il se retrouve dans une impasse. Il se retourne, aperçoit ses traqueurs qui arrivent déjà, et revient sur ses pas en courant. Il évite de justesse la patte du loup gris et entend son rire guttural le suivre.

Haletant comme un chiot, le félin arrive cette fois encore devant un mur. Malheureusement pour lui, ses détracteurs ont déjà bloqué la seule issue. Il a l'impression de tomber d'une falaise. Il sent que sa dernière heure est arrivée. Le loup en tête, le terrifiant groupe se rapproche.

- Alors ? On est déjà fatigué ?

C'est visiblement le chef de bande : son sourire narquois et son approche directe le trahissent.

- P...Pitié ! Je ne vous ai rien fait ! Je ne sais même pas qui vous êtes !

- Oh ! Le petit minou a peur ? Comme c'est mignon !

Toutes la bande s'esclaffe au détriment de notre jeune couguar, qu'on entend presque claquer des dents.

- Je n'ai presque rien sur moi ! Tout est là !

En disant ça, il prend son porte-feuille et le lance aux pieds du loup, l'implorant du regard. Celui-ci jette un coup de pied dédaigneux à l'objet, attrape le couguar au col et le plaque au mur avec un air coléreux.

- Tu te moques de nous ? Tu voudrais nous acheter avec ÇA ?!

Il le jette vers les deux renards, qui le poussent violemment par terre.

- Maintenant, on va devoir te faire payer cette insulte !

Le couguar ne répond pas. Assailli par la peur et la douleur, des larmes commencent à lui couler des yeux. Le reste de la bande le contourne et va rejoindre le loup. Arrivé devant lui, l'ours lui fait relever la tête sans ménagement et sourit en voyant ses pleurs. Il va lui dire quelque chose, puis s'arrête quand il remarque le changement d'expression du couguar, qui écarquille les yeux subitement. Il hurle alors, mais l'ours n'a pas l'occasion de l'entendre. Une créature sombre vient de lui asséner un coup sur la tête avec un tube de métal.

L'attaque subite surprend tout le monde. De l'autre coté du tuyau se dresse une créature effrayante. Du haut de ses 5'9" (1m75), elle arbore un grand sourire de manière à bien montrer ses crocs, deux crocs à l'apparence très pointue, scintillant dans le noir. Un pelage noir ébène la recouvre entièrement, à l'exception de son visage et de l'intérieur de ses oreilles, de couleur crème, et, bien sûr, de ses ailes. Celles-ci sont attachées au centre de son dos, d'où elles partent et s'étendent suffisamment que pour la recouvrir entièrement ou, comme maintenant, pour la grandir et la rendre plus terrifiante encore.

Avant que qui que ce soit n'ait compris ce qui se passe, elle se jette sur le renard le plus proche et le plaque au sol, sans oublier de l'immobiliser d'un coup de genou bien placé. Le couguar, médusé, la regarde fixement sans oser bouger. Pendant ce temps, les autres membres de la bande se regroupent pour faire face en bloc à cette menace venue de nulle part. La créature, un de ces vampires dont on parle beaucoup pour le moment, les regarde d'un air étrange. On peut y lire une effrayante convoitise, un désir étrange d'être là. Ce simple regard suffit à les ébranler, eux qui ne se sont jamais retrouvé qu'en face de la peur ou de la colère émanant de ceux à qui ils s'attaquent. Elle profite à nouveau de leur hésitation et se jette sur leur chef, tout crocs dehors. Il n'a pas le temps de l'éviter, et ne peut que hurler lorsqu'il sent la morsure. L'ours et le renard restant, voyant les mouvements ératiques de leur chef, le vampire pendu à son cou, ne pensent qu'à une chose : s'enfuir au plus vite ! Il est déjà perdu, ils le savent. En s'enfuyant, ils passent devant le couguar, qui s'est juste traîné contre un mur, toujours sous le choc et incapable de faire plus. La créature, elle, ne s'occupe pas de tout ça mais préfère continuer de se nourrir du sang de sa victime qui, d'ailleurs, bouge de moins en moins. Quand elle a fini, elle tient sa proie dans ses bras, immobile, les yeux hagards, son dernier souffle de vie passé dans les crocs du vampire.

Elle la pose sur le sol, presque respectueuse de la vie qu'elle vient de prendre. Il n'y a plus trace de la bande. Même le renard qu'elle avait immobilisé a pu trouver en lui la force de fuir. Le couguar, par contre, n'a pas bougé. Il s'est plaqué contre le mur et ne fait plus aucun mouvement, les yeux écarquillés et braqués sur le vampire. Vampire qui s'approche, du sang coulant encore de ses crocs. Elle s'abaisse un peu, pour pouvoir parler à même hauteur.

- Ne sors pas comme ça tout seul la nuit, j'ai entendu dire que des monstres rôdaient...

Elle lui montre un grand sourire, entaché de sang le long de ses deux longues canines, et s'envole ailleurs, sans un mot de plus.


Kayla -- c'est le nom de notre vampire -- prend de la hauteur rapidement. En arrivant près du premier toit, elle y monte et en profite pour regarder sa route, ne faisant pas plus de bruit qu'un oiseau de passage. Elle ne peut réprimer un sourire alors qu'elle s'apprête à s'envoler à nouveau, heureuse de pouvoir retrouver son élément. Elle saute, déploie ses ailes et se maintient dans les airs à la force de celles-ci.

À la lueur de la lune, et à condition de regarder attentivement, on peut apercevoir son ombre peu rassurante.

Ça ne fait pas longtemps qu'elle vole et, pourtant, elle est déjà grisée par le vent et la vitesse. Voler le ventre plein, pour elle, est un plaisir savoureux dont il faut savoir profiter. Une sensation de plénitude dûe à l'apport de sang frais l'enveloppe, atténuée et renforcée tout à la fois par cette impression de légèreté maintenant qu'elle vole.

Malheureusement, le trajet est bientôt fini et elle peut déjà voir sa destination d'ici : un vieux clocher abandonné. Il appartient à ancienne église qui n'est plus fréquentée depuis longtemps. À présent, seul quelques pauvres gens incapables de s'offrir un logement plus décent y résident. Du moins, c'est ce qu'ils pensent. En effet, au dernier étage de l'église, une grande salle autrefois utilisée pour garder les maigres possessions du curé a été barricadée suite à une invasion colombophile. D'ailleurs, ils insistent sur ce mot. Ça permet de ne pas devoir avouer ouvertement que quelques pigeons les ont obligé à céder du territoire, même si, au final, c'est pourtant ce que ça veut dire. Mais ça fait plus sérieux. Un morceau du toit avait été arraché par un vent plus fort que d'ordinaire, et ces oiseaux de ville en avaient immédiatement profité pour y élire domicile. Comme évidemment personne n'avait les moyens de réparer les dégâts, il fut décidé de colmater la pièce par quelques planches, ainsi que la chambre d'escalier qui y menait, puisqu'elle ne déservait pas d'autres salles. C'était la meilleure solution pour éviter que les pigeons n'envahissent l'édifice et que le peu de chaleur régnant à l'intérieur du bâtiment ne s'en échappe en hiver. C'était aussi une occasion magnifique pour un vampire en quête de résidence... Les pigeons, la prenant pour un prédateur, ne se sont pas fait prier pour déménager. Et même si depuis elle a colmaté le trou qu'il lui avait permis d'enter dans la salle la première fois, Kayla s'est arrangée pour y laisser une plaque escamotable qui lui sert de porte. C'est loin d'être un palace, mais elle est contente d'avoir un "chez soi".


Arrivée chez elle, elle se jette sur son matelas, repue et euphorique, mais fatiguée. De sa position, elle peut voir toute la pièce. La porte, qui n'est maintenant plus barricadée, est une des rares choses qui attirent le regard, avec bien sûr le matelas. Même s'il ne s'agit que d'une couverture entourée autour de plusieurs oreillers et posée à même le sol. Il y a aussi un tableau -- le seul objet de valeur qu'elle possède -- qui lui vient de sa famille, et en est le dernier vestige. Il représente une simple chauve-souris, se reposant accrochée à une branche d'arbre. On peut voir derrière une forêt, sombre mais luxuriante, éclairée par le faible éclat lunaire. Ce n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais c'est pourtant plaisant à regarder.

En reposant à nouveau les yeux dessus, elle s'imagine l'étonnement que la plupart des gens aurait à la voir ainsi alitée. Après tout, il est de notoriété publique que les chauve-souris vampires, ces monstres sanguinaires, dorment la tête en bas tout comme leur ancêtres. Et que quiconque viendrait les déranger pendant leur sommeil y risquerait plus que la vie, ces abominations volant aussi l'âme des gens quand elles peuvent les vider totalement de leur sang. Bien sûr, si ça peut prouver quelque chose, c'est bien que les gens ont beaucoup d'imagination... Pourtant, aussi stupides qu'elle ne soient, ces légendes ont en leur temps suffit pour éradiquer les chauves-souris dans leur presque entièreté. Et plus particulièrement les chauves-souris vampires ; peu subsistent encore de nos jours. Tellement peu qu'elles ne sont maintenant plus associées qu'à ces légendes elles-mêmes.


C'est assez ironique. Mais Kayla ne s'en soucie plus depuis longtemps. Elle a compris que la seule chose à faire était d'en tirer profit au mieux et non d'en pleurer. Même si elle est loin d'être frêle, elle ne se fait pas d'illusion et sait que sans cette peur presque instinctive qu'on les gens d'elle, elle ne s'en tirerait pas aussi facilement. Ce qui fait qu'elle n'hésite jamais à en rajouter : elle se permet un atterrissage théâtral quand elle sait qu'elle va être vue, elle s'arrange pour surgir de nulle part quand il fait assez sombre, toutes sortes de petites choses qui ne font que renforcer cette peur.

Pourtant, elle aussi a dû payer le prix fort pour ces légendes. Ce seul tableau le lui rappelle tous les jours lorsqu'elle se lève. Mais pour le moment, elle est de bonne humeur et ne souhaite pas gâcher une telle journée en repensant au passé. Elle choisi plutôt de s'étirer un peu et d'attendre que le sommeil vienne la chercher. Pourtant, son regard vient se poser plusieurs fois sur le cadre avant qu'elle ne puisse s'endormir.