[Story - French] Les enfants ne sont pas des jouets - chap 4

Story by Vinsifroid on SoFurry

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#4 of Les enfants ne sont pas des jouets

Fourth and last chapter of a small story in French - English translation will follow in the next weeks (or months)

En français

Et voici la suite et fin de cette petite histoire. On retrouve Robin après son altercation avec Zael, comment va il survivre à nouveau seul ?

Notes d'auteur: Concernant l'histoire, j'ai volontairement laissé la fin ouverte aux interprétations, je l'avais pensé pour la faire tenir en 4 chapitres mais il n'est pas impossible que j'en écrive une suite dans un futur (plus ou moins) lointain, particulièrement si elle reçoit un peu d'attention ^^

J'ai également conscience que l'histoire est un peu mièvre sur les bords. J'avais écrit les grandes lignes alors que j'étais en pleine dépression, mon intention était plutôt de réconforter plutôt que de coller à 100% à un contexte réaliste. J'espère qu'elle aura tout de même été appréciée malgré ses défauts. Je m'étais notamment inspirée de cette histoire-ci https://www.furaffinity.net/view/23232570/ de l'excellent StarvingDragon (sur Furaffinity) dont je recommande la lecture à tous, et qui raconte une histoire un peu similaire sur le fond.

Je suis actuellement entrain de traduire cette histoire en anglais. Vu mon niveau c'est assez compliqué mais j'ai bon espoir de la sortir au moins dans les 2 prochains mois (mes examens tout ça)

Si vous désirez une version pdf de l'histoire, il y en a une disponible sur ma soumission sur Furaffinity à cette adresse-ci : https://www.furaffinity.net/view/27327913/

Comme toujours, j'apprécie tout commentaire sur mon travail. C'est la première fois que je poste quelque chose d'un peu conséquent dont je suis à peu près content du résultat, je suis donc avide de critiques (positives ou non). Ne vous retenez donc pas ;)

This story belongs to Vinsifroid

Cette histoire appartient à Vinsifroid


Les enfants ne sont pas des jouets - Chapitre 4 : Appel à la nature


Après avoir passé plusieurs heures à marcher, Robin s'effondra sur un tas de mousse. Il était en colère.

En colère contre Zael, qui l'avait dupé afin de s'en débarrasser. En colère contre ses gardiens, qui avaient fait de lui un fugitif. En colère contre la société, qui lui avait collé l'étiquette de fautif. En colère contre ses parents, qui l'avaient abandonné.

Il avait longtemps espéré avoir une vie normale, comme les autres, un toit sur la tête et des parents qui l'aiment. Des parents qui le protégeraient, qui le consoleraient lorsqu'il serait triste. Était-ce si irréaliste ?

Il se sentait bête d'avoir rêvé ainsi. Ce n'était pas en rêvant sur les premiers inconnus du coin de la rue qu'il allait trouver une famille. Après tout, ils ne lui avaient proposé la nuit que par gentillesse. Par pitié peut-être aussi. Il faisait pitié. Voilà au point où il en était. L'idée d'être aussi vulnérable lui était insupportable. Tant de sacrifices afin de pouvoir survivre. Tant de temps perdu pour subir un tel supplice.

Il en avait croisé des gens sur sa route. Certains disaient qu'ils allaient l'aider, prendre soin de lui et, il les avait cru tout un temps. Mais il y avait surtout beaucoup d'hypocrites. La plupart l'avaient gardé par intérêt puis abandonné. D'autres l'avaient simplement rejeté. Alors pourquoi avait il eu une nouvelle lueur espoir en André ?

Comment était-ce possible ? Pourquoi lui avait-il donné sa confiance alors que cela ne faisait que deux jours qu'il le connaissait ?

Peut-être parce qu'il n'avait jamais reçu autant d'affection depuis que ses parent biologiques étaient parti. Ils étaient les premiers à l'avoir traité comme un fils. Ou du moins comme un bon ami. Dans un coin de son esprit, il avait cru...

Non, non c'est complètement stupide

Il n'avait pas beaucoup dormi cette nuit-là. Il s'était réfugié dans un des parcs publiques de la ville, au milieu des arbres et des buissons. Le vent était glacial et, pour ne rien arranger, de doux flocons étaient commencés à tomber au petit matin.

Il était bien content de la veste d'Andy mais malheureusement, elle n'était pas fort chaude malgré ses protections, et il commença rapidement à grelotter. Après quelques heures, les grelottements s'étaient transformés en quintes de toux.

A son grand désespoir, il découvrit le lendemain que la veste était trouée au niveau du bras gauche. L'eau de la neige réchauffée par la température corporelle avait ruisselé le long de ses bras durant la nuit, l'inondant d'eau glacée.

Le cocktail d'éléments n'avait pas tardé à prendre. Au bout de 2 autres nuits passées dans les bois, Robin ne sentait déjà plus ses poumons. Quelques passants avaient bien essayé de l'aider, mais devant son refus systématique, ils abandonnaient très vite. Dans son délire paranoïaque, il avait fini par croire que n'importe lequel de ses mouvements l'emmènerait obligatoirement aux services sociaux. Ou pire, à la police, en prison.

Cependant, plusieurs heures allongé à comater sur un banc le firent changer d'avis. Selon les journaux, le temps allait devenir de plus en plus neigeux dans les jours qui allaient suivre. Si il restait dans la nature, il allait mourir.

Que dois-je faire ?

Il n'avait nulle part où aller. Aucun abri dans les parcs ou les ponts ne le protégeraient de l'humidité. Le lit chaud de sa chambre lui revint en tête. Les visages d'Andy et Za suivirent rapidement. Il prit la tête entre les mains. Il se sentait coupable pour ce qu'il avait fait lors de leur confrontation. Zael devrait être hors de lui après ce qu'il avait dit. Et André...

Si seulement je pouvais les contacter... pour m'excuser... peut-être qu'ils m'aideront une seconde fois.

Il étouffa une autre quinte de toux avant qu'un élément qui lui avait échappé jusqu'alors ne lui revienne en mémoire.

Andy... il m'avait glissé quelque chose dans la poche...

Depuis sa fuite, il n'avait jamais pensé à chercher dans ses poches internes. Ça lui était complètement sorti de la tête. Fouillant de sa main humide, il en sortit une enveloppe moite adressée à son nom. A l'intérieur était glissé un petit mot d'André.

« Hey petit gars ! Tu as ci-joint mon numéro de téléphone perso si t'as encore des problèmes avec tes parents. N'hésite pas à m'appeler si t'as le moindre soucis ;3 Papa loup et moi seront ravis de te revoir parmi nous. Tu sais, il a parfois l'air assez rude mais sous sa carapace, il y a grand cur qui bat. Oh et je t'ai passé un peu de monnaie histoire que t'aies un peu d'argent de poche pour le mois. A ++ Andy :3 »

Dans l'enveloppe se trouvaient un petit papier avec un numéro de téléphone et quelques billets. Il n'en croyait pas, 30 Talents d'un coup. Cela faisait beaucoup d'argent pour un inconnu. Il pourrait même se payer un repas chaud pendant deux semaines.

Ok du calme. Tu t'emballes un peu Rob.

Il prit quelques instants pour se calmer et relut une nouvelle fois la lettre. Et lui qui se questionnait comment avait-il pu leur faire confiance, il s'apprêtait à entrer à nouveau dans la gueule du loup. Peut-être que la situation avait changée depuis. Ou alors le chat allait montrer ses griffes. Quand au loup...

Il réprima un autre frisson et soupira. Il n'avait pas d'autres plans pour le moment. Mais il serait certain de partir au moindre mouvement suspect.

Plusieurs passants se baladaient dans le parc enneigé, il n'avait qu'à en interpeller un et lui demander d'emprunter son téléphone. Après quelques échecs, une vielle dame accepta gracieusement.

Alors qu'il entrait le numéro sur l'écran, il se prépara mentalement à ce qu'il allait bien pouvoir raconter et pria les dieux pour qu'il réponde bien à l'appel. Le téléphone sonna plusieurs instants dans le vide avant d'être décroché à son grand soulagement.

Il entendit la voix féline d'André lui répondre.

« Allo André Dubonheur à l'appareil »

Robin retint un fou rire. Il n'avait jamais entendu le véritable nom d'Andy.

« Allo ? À qui ai-je l'honneur ? »

Lançant un sourire poli à la dame, Robin prit son courage à deux mains.

« André... ? C'est Robin... J'ai besoin d'aide. »


« Tu n'as plus besoin de rien mon petit ? »

Emmitouflé sous des dizaines de couvertures, Robin ne pouvait presque plus parler. Il souleva la tête pour voir le léopard en face de lui. « N-non, m-merci Andy. »

Le léopard s'approcha près de lui. « Tu es sûr ? »

Il posa sa patte sur son front. L'enfant frémit sous la froideur de sa patte, ses coussinets étaient gelés.

« Oh par les dieux, ton front est brûlant !

--- M-mais n-non c'est ta patte qui est froide »

Il secoua la tête. « Non non ça c'est la fièvre. Tu dois bien te reposer, tu es sûr que tu ne veux pas de bouillotte ?

--- N-non merci, ça ira. »

Il soupira : « D'accord. N'hésite pas à me demander, je vais m'asseoir un peu ici si ça ne te dérange pas »

Il se laissa tomber dans le fauteuil, exténué, et retira sa chemise. Sa sueur perlait sur sa fourrure. Robin en profita pour également fermer les yeux.

Il ne pouvait pas trop lui en vouloir d'être fatigué. Depuis qu'il l'avait contacté, il n'avait cessé d'être aux petits soins. Il avait quitté prématurément son travail pour venir le chercher en bus, dans un endroit qu'il ne connaissait pas. Quand il l'avait trouvé, Andy lui passa de suite sa veste pour le protéger du froid. Durant tout le trajet du retour, Andy l'avait entouré de ses bras afin de le garder au chaud, s'attirant même certains regards déplacés des passagers.

De retour à la maison, il s'était empressé de préparer sa chambre, apportant des tonnes de couvertures et d'oreillers. Et maintenant il veillait sur lui à ses côtés.

Tout se passait comme dans un conte de fée. Robin était honnêtement surpris de la réaction du félin. Il s'attendait à se faire rejeter à nouveau, ou du moins qu'il soit fâché contre lui. Rien de tout cela ne s'était passé. Du moins s'il était fâché, André ne le montrait pas le moins du monde.

Il voulait croire qu'il était traité de manière spéciale bien que son cerveau lui disait que c'était certainement de l'hospitalité et rien de plus. Mais... et si Andy le désirait comme fils ? Ce n'était qu'un vieux rêve. Mais plus il y pensait, plus cela semblait plausible. Après tout, il était gay, il n'aura jamais d'enfants. Il était presque comme un enfant tombé du ciel. Et il ne demanderait pas mieux. Deux énormes bêtes comme pères, personne n'oserait encore le toucher. Plus jamais de Gregory.

Papa...

Il secoua la tête. La fièvre lui faisait penser des choses idiotes.

Soudain il sentit une poigne glacée se poser sur sa main. Quand on parle du loup.

« Hey Rob, tout va bien ? Qu'est ce qui te fais pleurer petit gars ?

--- A-André ?

--- Oui Robin ? » Il lui répondit avec un grand sourire.

« Tu n'es pas fâché sur moi ? »

Il eut un léger tic nerveux mais il resta contenu. « Pourquoi ça ? »

Robin regarda sa patte sur sa main pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux. « Pour m'être enfuis... »

« Ah ça. »

Il se gratta légèrement la tête. « Disons que je suis plus surpris que fâché »

Il soupira. « Mais je ne t'en veux pas non, tu ne nous connais pas. Je comprend que tu ne veuilles pas hum tout nous dire. »

Il agrippa la patte et la serra légèrement. « Et Z-Zael ? »

Perdu dans ses pensées, Andy le laissait jouer avec sa patte.

« Il est très... affecté.

--- J-je vois. Il ne va pas f-fort apprécier me voir ici alors. »

Il lui fit un clin d'il complice. « Ça je m'en occupe ne t'inquiète pas pour ça »

Robin se sentait encore honteux de son attitude. Il se forçait à regarder le motif de son pelage afin de ne pas le regarder en face. « Pourquoi vous êtes si gentil avec moi ? »

Il fut surpris par la question. « Hum je ne sais pas. J'imagine que quand je t'ai vu dans cet abris-bus, je me suis dis que tu avais besoin d'aide. Comme moi et Zael on pouvait t'aider, on l'a fait. »

Il sécha doucement les larmes du garçon de sa joue. Celui-ci eut finalement le courage de le regarder dans les yeux. « Vous êtes les seuls à m'avoir traité comme ça depuis plusieurs années. »

Il y eu un court silence.

« Vraiment ?

--- Vraiment... »

Robin sentit plus de larmes venir. Machinalement, il serra sa peluche dans ses bras. Un vieux réflexe de l'orphelinat lorsque les autres enfants se moquaient de lui. La serrer lui permettait de se décharger l'esprit, de se sentir protéger. Jusqu'à ce qu'il arrive en famille d'accueil en tout cas. Sa chaleur, lui rappelait sa mère.

Il ouvrit soudain les yeux. Cela faisait plusieurs années qu'il l'avait perdu. Alors qu'était-il en train de serrer ?

Il regarda au-dessus de lui. Un doux ronronnement lui répondit. Le félin semblait apprécier l'affection qu'il recevait. Il le serra en retour, ses grosses pattes l'entourant tout contre lui. L'enfant eut un bref moment de panique rapidement calmé par le son régulier du félin. Au lieu d'une peluche de 20 centimètres, il en avait une de presque 2 mètres à présent. Il posa sa tête contre sa poitrine. Cela fit sourire Andy qui ronronna de plus belle. Il lui palpa le dos pour le réconforter.

Plusieurs minutes passèrent. Andy s'était finalement glissé sur le bord du lit avec le petit blotti contre lui, respirant enfin calmement après un déluge de larmes. Le félin avait beaucoup hésité. Si le bruit courrait qu'il avait été dans le même lit qu'un enfant humain, ça pourrait lui apporter beaucoup de problèmes. Mais le petit en avait besoin, il avait longtemps pleuré contre lui.

S'il s'était réellement fait battre, ce n'est pas sans raison qu'il l'avait serré dans ses bras. Cela voulait dire qu'il commençait à lui faire confiance.

Comme une réponse à sa question muette, l'enfant se pressa un peu plus fort contre sa fourrure. Le léopard ne put s'empêcher de laisser échapper un ronronnement. Son cur battait à cent à l'heure.

Est-ce cela se sentir père ?

Il ronronna rien que d'y penser. Le jeune léopard avait toujours voulu être père, et avoir cet enfant contre lui, c'était presque comme un rêve devenu réalité. Il se sentait avoir le devoir de protéger ce petit qui l'avait appelé à l'aide.

Après un moment l'enfant le regarda à nouveau, toujours collé à lui. Il s'était énormément calmé. Ses larmes avaient séchées, mais il semblait clair pour le félin qu'il portait encore un lourd poids dans son cur. Il commença d'une voix faible : « Merci... de me soutenir... »

Le léopard eut un léger pincement au cur. Il ébouriffa ses cheveux.

« Pas de soucis petit.

--- Mes gardiens... n'étaient pas du tout comme ça avec moi. »

Sentant qu'il s'apprêtait à révéler quelque chose d'important, Andy se mit un peu plus confortablement dans le lit, entourant le garçon d'un bras, lui laissant la possibilité de se tenir contre lui. Il prit sa main dans sa patte velue en lui faisant signe de continuer.

« J'avais 6 ans quand mes parents sont morts. Comme j'avais pas de famille proche, ils m'ont mis en pensionnat en pensant que quelqu'un m'adopterait. L'orphelinat était moche, tout gris. Ils faisaient des économies en ne mettant du chauffage que dans le réfectoire et dans les salles de classe, du coup on devait tout le temps se promener avec une couverture sur le dos. A peine arrivé, j'étais devenu la tête de turc des autres. Ils me faisaient beaucoup de `blagues'...

--- J'imagine que ce n'était pas le genre de blagues très amusantes...

--- Non... J'avais quand même quelques copains, on formait un petit groupe à part. C'était quand même chouette. Et puis ensuite y a eu les familles d'accueil.

--- Qu'est ce qui s'est passé là-bas ? »

Il jeta son regard vers l'extérieur, voulant éviter le regard du félin. « J'avais 11 ans, J'ai voyagé dans beaucoup de familles d'accueil. Au début, l'orphelinat ne retenait que les familles humaines pour me garder. Pour que ça ne soit pas trop dur à l'école, des trucs comme ça. Mais comme au final y avait peu de monde qui voulaient de moi, ils ont aussi accepté les familles anthros. Et c'est là que j'ai connu mes anciens gardiens »

Il commença à trembler de peur. André fronça des sourcils. « Cette famille... c'était des félins c'est ça ? »

N'osant le regarder, il acquiesça lentement de la tête. « Un couple de lions... Ils ne pouvaient pas faire de bébé. Ils en voulaient un très vite, mais il n'y avait plus d'anthros. Ils ont été obligés de se rabattre sur moi »

Il reprit son souffle un instant, André massa son bras en tentant de le calmer.

« Disons qu'ils m'ont fait comprendre dès le début que j'étais pas... désiré. Quand je rentrais de l'école, une liste de corvées était affichée sur ma porte. En fin de semaine, je devais en plus des corvées, me charger de faire les courses pour la maison. Quand je revenais, je devais rester dans ma chambre. Ils ne me remerciaient jamais. Ils ne me parlaient jamais sauf pour m'engueuler. J'ai jamais rien reçu comme cadeau...

--- Ça a dû être très dur...

--- Oui.... et c'était pas mieux à l'école. Je devais endurer les remarques des autres, tu mes jamais d'autres vêtements ?'',tu pues'', ``Pourquoi tes parents sont pas comme toi ?'', ... Au début je répondais, mais alors je me faisais punir. À l'école et à la maison »

Quelques larmes perlaient sur le pelage du félin. Le garçon les frotta rageusement. « Mais c'était pas le pire. Le pire c'est quand Samuel a commencé à boire

--- Samuel c'était ton père adoptif c'est ça ?

--- Oui. Enfin père''... Je crois qu'il avait perdu son travail ou un truc du genre... Ils se criaient beaucoup dessus. Il était tout le temps énervé, à cause de l'alcool j'imagine. Ça le rendait violent. Du coup pour pas taper mamère''...

--- Il se vengeait sur toi. André termina sa phrase.

--- Oui... »

Il ne pouvait s'empêcher de trembler rien que d'y penser.

« Il faisait mal... Et quand je lui demandais d'arrêter ça le mettait encore plus en rage... j'ai failli perdre la vue une fois...

--- Attends, ne me dit pas qu'il utilisait ses griffes quand même ? »

Il resta silencieux et ferma les yeux. André bouillonnait de rage.

« Quelle ordure ! S'en prendre à un enfant !

--- S-s'il te plaît ne t-t'énerve pas.

--- Comment je pourrais ne pas m'énerver ?! C'est une règle de base ! On n'utilise jamais les griffes ! »

Le poil du léopard se hérissa. Il était hors de lui.Quelles pourritures, oser frapper un enfant les griffes déployées ?!

Il grogna bruyamment, pensant à toutes les choses qu'il avait eu à subir. L'enfant le regarda, effrayé par sa réaction et se protégea la tête. Un coup de griffe était si vite parti.

La grogne du félin cessa instantanément. Il rentra calmement ses griffes et inspira profondément.

« Je suis désolé Rob, je ne voulais pas t'effrayer. Je me suis un peu trop emporté.

--- Ç-ça va. »

Le garçon tremblait encore de peur, visiblement incapable de se calmer. Les oreilles du léopard s'abattirent sur l'arrière de son crâne. Il avait agit de la pire manière qu'il soit. « Jamais je ne lèverai la main sur toi Rob. Jamais... Même si je ne suis qu'un félin. »

Il regarda tristement les paumes de ses pattes.

Est-ce les pattes d'un monstre ?

Il fut coupé par d'autres sanglots provenant du garçon.

« J-j-je ne le pensais pas je suis d-désolé.

--- Oh Rob... »

Le félin ouvrit grand les bras. Le garçon accepta l'invitation et vint pleurer à nouveau dans sa fourrure. Le léopard le serra du mieux qu'il pu et les recouvrit des draps, formant une sorte de cocon.

Après un moment, le garçon se sentit suffisamment mieux pour continuer à raconter son histoire. « A-après un moment, j'en ai eu marre e-et je me suis enfuis. C'est là que j'ai commencé à vivre dans les rues. Après l'enfer que je vivais chez eux, c'était comme entrer au paradis pour moi. Mais, je suis vite descendu sur terre.

--- Tu es resté combien de temps comme ça ?

--- Deux ans. »

Il fit des yeux ronds comme des billes. « Deux ans ?! Je comprend que tu sois si mal en point »

Il ferma les yeux et se laissa retomber contre le félin qui le tint à nouveau en ronronnant.

Mais alors qu'ils étaient plongés dans leurs réflexions, ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir. Des bruits de bottes et de vêtements froissés suivirent peu après. Robin ouvrit aussitôt les yeux.

« Ah », commença André, « ça doit être Za »

« Oh non » Fit l'autre. Il recommença à trembler frénétiquement.

Une voix provenant du rez-de-chaussée les coupa tous les deux.

« André ?? T'es où ?? »

Le léopard fit signe à Robin de ne rien dire et lui répondit : « Je suis dans la chambre d'amis, rejoins-moi ! »

Les pas de Zael se firent entendre dans l'escalier puis dans le couloir. Robin mortifié de peur se cacha complètement sous les draps, se tenant au léopard. Il était effrayé qu'il ne soit en colère après sa fuite deux jours avant. André tenta tant bien que mal de le calmer avant l'arrivée de son compagnon.

Après un léger grincement, le museau du loup dépassa légèrement de l'entrebâillement de la porte.

« André ?

--- Je suis ici Za, entre »

Le loup entra confus dans la pièce. Il faisait déjà noir dehors et la pièce serait presque totalement dans le noir si une petite lampe de chevet n'éclairait pas un peu. Il entra doucement jusqu'à ce qu'il remarque la forme allongée dans le lit.

« Mon dieu, ne me dis pas que...?

--- Oui, c'est lui »

Robin sentit un frisson lui traverser le corps. En dessous des draps, seul la voix du loup pouvait lui faire deviner son humeur. Il grinça des dents quand il entendit sa réponse. «...Pourquoi il est revenu ? »

Le léopard sentait qu'il allait devoir le ménager.

« Il m'a appelé... Il était en état d'hypothermie là où je l'ai retrouvé.

--- Il t'a appelé...? »

Le léopard soupira. « Oui il m'a appelé, et je sais ce que tu vas dire, je voulais juste l'aider

--- Okay. Et bien je t'en prie aide-le, moi je vais manger. Bonsoir. »

Le loup tourna les talons mais avant qu'il ne puisse fermer la porte, le léopard l'empêcha. « Za s'il te plait attends »

Le loup lui montra les dents.

« T'as décidé d'aider un inconnu. Soit. Mais m'entraîne pas là-dedans.

--- Za ! Il était en train de crever dans la neige !

--- Et bien qu'il se démerde. La dernière fois je me suis fait insulter par ce petit ingrat.

--- Je suis certain qu'il le regrette, n'est-ce pas... », le léopard se tourna vers le lit désormais vide, « ...Robin ? Robin ?! »

Le garçon était disparu en un instant et n'était visible nulle part. Il chercha dans tous recoins de la pièce tandis que le loup croisa les bras en le regardant faire depuis l'encadrement de la porte.

« C'est pas possible... il était là il y a un instant !

--- Je vois qu'il a en effet hâte de s'excuser »

André jeta un mauvais regard au loup qui haussa les épaules. Soudain, les yeux du félin remarquèrent la porte de la garde-robe s'entrebâiller. Il pencha légèrement la tête avant de sauter devant l'armoire. L'ouvrant avec fracas, il révéla le garçon, blotti au milieu des chemises. Robin laissa échapper un cri avant de protéger sa tête.

André s'agenouilla pour se mettre au même niveau que l'enfant. Zael restait en retrait derrière lui, croisant les bras. « Rob ? Allez viens ici, on te fera rien. »

L'enfant releva un peu la tête. « Juré ? »

André le pris dans ses bras et le déposa en face du loup. Zael continuait à le regarder de travers en croisant les bras. Robin eut un mouvement de recul mais il se retrouva bloqué par le félin derrière lui.

Un silence s'installa. Le malaise était palpable.

« Alors tu n'as rien à me dire ? »

Robin fuyait son regard. André le poussa légèrement vers l'avant. « Je... suis désolé pour ce que j'ai dit. »

Le loup fronça des sourcils. « Vraiment ? »

L'enfant regarda à nouveau ses pieds, sans rien dire. Le loup grogna. « J'en étais sûr »

Il se se dirigea vers l'escalier pour descendre en bas.

« Zael ! »

Le léopard s'élança à la poursuite de son compagnon dans les escaliers laissant seul le garçon face à ses démons.

Des cris fusèrent durant de longues minutes. Robin se recroquevilla au fond de l'armoire, derrière les chemises pendantes. Tout ceci avait un délicat goût de déjà vu.

Les cris finirent par cesser, laissant place à un silence écrasant.

Quelques temps après, il entendit des bruits de pas remonter les escaliers. Il reconnu le léopard aux bruits de pas étouffés. « Rob...? »

Son museau apparu entre les bouts de tissus. Si ça n'avait pas été la tête souriante de André, Robin aurait certainement été terrifié par la vue.

Il se remit à sangloter. Le sourire disparu instantanément. Le félin le tint avec quelques difficultés contre lui.

« Shhhh du calme du calme.

--- J-je devrais partir, v-vous vous disputez à cause de moi."

--- Shhh ne t'inquiète pas pour nous »

Le léopard le tint par les épaules séchant ses larmes doucement avec ses griffes ce qui fit sursauter le garçon. André compris son erreur et les rentra rapidement.

« V-vous êtes b-battus ?

--- Quoi ? Non non c'est juste, tu sais quand on s'énerve, c'est instinctif »

Il fit focaliser son attention sur lui. « Robin, Zael nous attends en bas, on a à te parler »

Il sentit le coeur de l'enfant se contracter. « Ne t'inquiète pas, tout va bien

--- D-d'accord... »

Il tint fermement la patte dans sa petite main et sortit de sa cachette. Les lumières de la maison autrefois réconfortantes, la rendait à présent pesante. Il sentait que son sort était sur le point de se jouer. Le doute revint en lui. Peut-être avait il fait confiance à tord une nouvelle fois. Peut-être que la patte qu'il tenait maintenant, allait frapper quelques instants plus tard.

Le propriétaire de la patte n'était pas plus à l'aise que lui. Il détestait se mettre en colère, en particulier contre son compagnon. Mais s'il voulait sauver les meubles, c'était sa dernière solution. Qui avait partiellement marché. Le loup était inquiet, à juste titre. Ce n'est pas courant de se voir imposer un enfant à charge 5 jours après l'avoir connu. Mais il savait que si ils ne faisaient rien, ils auront un poids sur la conscience.

Ils arrivèrent en silence dans la pièce commune. Zael attendait, assis en tailleur sur la table. La porte se referma.

Zael avait les yeux rougis mais il était calme. Beaucoup plus calme. Il fit un geste pour que le petit s'assoie en face de lui. Son compagnon s'installa non loin de lui. Quand il fut certain d'avoir l'attention, le canidé se racla la gorge et se gratta l'arrière de la tête.

« Bon Robin, on a parlé tous les deux de ce qu'on allait faire de toi »

Le garçon ne dit rien, il attendait sa peine. Le loup continua.

« Après avoir discuté des solutions possibles, j'ai décidé de te donner une seconde chance.

Le garçon paru étonné mais le loup ne le laissa pas l'interrompre.

« Mais, il y a deux conditions. D'abord plus de mensonges. Clair ? »

A la vue du regard interloqué de Robin, le félin s'empressa de répondre. « Il veut dire que si tu veux rester, on va devoir se faire confiance.

--- A-attendez r-rester ?

--- Tu ne crois quand même pas qu'on va te relâcher dehors par ce temps ? s'écria le loup.

--- M-mais tantôt t-tu disais qu-

--- Je sais je sais »

Il frotta son bras embarrassé. Il savait que son compagnon attendait qu'il continue. « Je m'excuse pour tout à l'heure okay ? Je me suis énervé contre toi. Je suis inquiet... à ton propos. »

Il espérait que son copain soit suffisamment content avec ses excuses. Il ne faisait pas la tête des meilleurs jours mais ça semblait lui convenir.

Tant mieux se dit-il. Il détestait devoir s'excuser. Mais il s'était vraiment trop emporté un peu plus tôt. Toutes ces histoires de parents morts l'avaient travaillés ces derniers jours. Il s'était demandé s'il avait bien agit. S'il avait bien fait de le confronter à ses mensonges. Il le pensait être un simple fugueur. La vérité l'avait percuté comme un train percute une gare. Il avait cru qu'en le laissant filer ainsi, il l'avait condamné à la mort. Il s'en était voulu. Puis en avait voulu au gamin de ne lui avoir rien dit.

Maintenant il se rendait compte de l'urgence de la situation. Il avait paniqué c'est vrai, mais son compagnon l'avait aidé à se calmer. André fait peur quand il se fâche.

« E-et la deuxième condition ? » le petit le sortis de ses pensées.

« Deuxième condition, c'est seulement temporaire.

--- D-d'accord

--- Mais tu pourras rester tant que tu seras malade » S'empressa de dire André, jetant un regard à son compagnon. Celui-ci fit la moue mais il n'avait pas le choix, le chat était intraitable sur le sujet.

André lui expliqua tout ce dont ils avaient parlé au petit. Il était évidemment ravi de se voir offrir un toit pour quelques semaines. Le vieux canidé ne put s'empêcher de sourire du coin des lèvres. Au moins ne souffrira t-il plus pour quelques jours, jusqu'à ce qu'il soit guéri.

« V-vous êtes génial !

--- Mais non c'est norm- »

Le léopard fut coupé dans son élan. Un fou rire le prenant aux tripes. Le petit était tellement ému qu'il avait été embrassé son compagnon. Mais Zael, sensible qu'il était, ne put s'empêcher de battre du pied de contentement. La tête du garçon était à mourir de rire.

« T-tu vas bien Zael ? T-t'as mal au pieds ? »

André était littéralement entrain de se rouler de rire au sol alors que le loup cachait son visage rougis d'embarras. Il lança des coussins à la figure d'André pour se venger. Le petit sourit à la scène. Les prochaines semaines promettaient d'être excitantes.